La factory de Warhol déménage au Centre Pompidou Metz

du 1/07/2015
au 23/11/2015

Pompidou
Metz

En 1964, Andy Warhol crée la factory qui va devenir le centre névralgique de la scène underground new-yorkaise. Le Centre Pompidou Metz tente de rendre compte de cette effervescence à travers un parcours dense entre cinéma expérimental et rock visionnaire.

L’exposition Warhol underground du Centre Pompidou Metz permet de revenir sur ce moment fondateur du mélange des genres que représente l’expérience de la silver factory. Elle met en lumière plus particulièrement les rapports qui unirent Andy Warhol à l’histoire du rock en produisant le Velvet underground.

Aujourd’hui, la pop culture n’en finit pas de faire son entrée dans les musées et dans les galeries. L’univers de la pop musique en particulier ne cesse d’aimanter autant les artistes contemporains que les curateurs pour le pire et le meilleur. En 2014, Pharrell Williams avait même été propulsé commissaire d’exposition par la galerie Perrotin et cette année, les rencontres internationales de la photographie d’Arles consacraient une exposition fascinante à l’histoire de la photographie à travers les pochettes de disques. Déjà, les pochettes réalisées par Andy Warhol y étaient dignement présentées.

Pochette réalisée par Andy Warhol pour l’album The Velvet Underground and Nico, en 1967. Sur la pochette originale, un autocollant permettait de peler la banane. DR

Andy Warhol, chef d’orchestre de la factory

Warhol underground nous invite à pénétrer au coeur de l’effervescence créatrice tout azimut de la factory, qui concerna aussi bien la danse, le cinéma que le rock. Elle constitua un vrai studio de travail et de production avec Andy Warhol en chef d’orchestre, contribuant ainsi à façonner une nouvelle définition de l’artiste.

En dressant le portrait vivant de ce laboratoire où se croisèrent artistes, muses, stars et vrais junkies, l’exposition fait échapper Warhol à la figure étriquée du pape du pop-art. Les oeuvres et les photographies présentées proposent un panorama stimulant de l’activité qui régna à partir de 1964 dans le célèbre loft new-yorkais. Loin d’apparaître comme périphériques, ses différentes pratiques semblent toutes en continuité les unes avec les autres en reprenant des processus créatifs communs, comme le montage ou la répétition de leitmotifs.

Extrait de Chelsea girls, réalisé en 1966 par Andy Warhol et Paul Morrissey.

La scénographie présente notamment dans un beau tableau la collaboration avec Merce Cunningham. La chorégraphie Rain forest de 1968 est projetée en grand format sur un mur tandis que devant flottent des Silver clouds qui furent utilisés à l’époque sur scène. Les rapports avec le cinéma sont largement illustrés et une oeuvre plus rare est montrée dans son intégralité, le film Chelsea girls réalisé avec Paul Morrissey, véritable pièce maîtresse de l’exposition.

Le parcours se termine par une salle consacrée au Velvet Underground. Les murs sont tapissés par un affichage dynamique d’archives filmées et photographiques, rythmées par la musique tonitruante du groupe. Le musée se transforme en spectacle audio-visuel et dans ce maelström hétéroclite quelque chose de l’énergie de la factory d’Andy Warhol passe. L’exposition réussit finalement par ce montage audio-visuel à évoquer de manière sensible les soirées entre cinéma, happening et concerts qui l’animèrent. C’est dans cette conception d’un art polyphonique qu’Andy Warhol restera comme visionnaire.

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